Histoire

Depuis vingt-cinq ans, une association restaure à Blénod-les-Toul, dans le sud du Toulois, de petits bâtiments érigés il y a plusieurs siècles au chevet de l’église du village : les loges. Un patrimoint e rare et historiquement très particulier dans la sauvegarde duquel s’investissent des bénévoles.

 

 

Niché au cœur du vignoble des côtes de Toul, le village de Blénod-les-Toul semble veiller sur la plaine où serpente l’autoroute Lorraine-Bourgogne. Contrairement au village-rue, typique de la Lorraine, il s’organise autour d’un ensemble architectural constitué par l’église, le château, et les loges, ensemble que l’on doit à Hugues des Hazards.

 

 

Né en 1454 dans ce village, il gagna Sienne après des études à Toul, Metz, et Dijon, puis débuta sa carrière en qualité d’avocat à Rome. Rappelé en Lorraine par le duc René II, il fut nommé prévôt de l’église Saint-Georges de Nancy, puis Président des Etats de Lorraine, Chef du Conseil Ducal, et Doyen du chapitre de la cathédrale de Metz.

Le 13 mai 1506, Hugues des Hazards – dont la devise était « moderata durant », ce qui signifie « les choses ordonnées durent » – devint le 74ème évêque de Toul, ville distante de 15 km.

 

Il fit construire à Blénod une magnifique église de style gothique flamboyant et de la première Renaissance et un modeste château sur les bases de celui datant du XIIIème siècle.

 

La générosité de l’évêque

 

Pour remercier les villageois de leur aide lors des travaux, Hugues des Hazards les autorisa à édifier, au chevet de l’église et à l’intérieur des remparts du bourg, cinquante petites maisons destinées au stockage et à la protection des biens et des récoltes et comportant un cellier à demi enterré, un rez-de-chaussée surélevé, et un étage. Trois niveaux de six mètres sur six dont les planchers reposaient sur des poutres en chêne parallèles aux façades.

 

A partir de la Révolution, les loges changèrent de destination et servirent d’habitation à des familles pauvres. Depuis 1960, elles étaient à l’abandon. Or, ces loges, uniques en leur genre et qui constituent de précieux témoins du XVIème siècle, menacèrent rapidement ruine.

 

C’est alors que l’Association pour la sauvegarde du patrimoine architectural et culturel de Blénod-lès-Toul – créée en 1980 par le colonel Pierre-Alain Antoine et Aimé Richard – est intervenue. Initialement fondée pour restaurer le très bel orgue du facteur Dingler, construit en 1738 pour l’abbaye Saint-Léon de Toul, puis transféré ici en 1793, l’association a changé de cap et modifié son objectif pour se consacrer à l’urgence : le rachat de plusieurs loges en vue de leur restauration.

 

 

 

Une première réussite

 

« Il faut avoir les moyens de ses ambitions », dit-on. Mais ce n’était pas le cas. Alors, l’Association se les est donnés. Un véritable parcours du combattant qui, précisons-le dès ici pour éviter un inutile suspense, a été accompli avec succès : une loge a pu être acquise en 1985.

 


Dénommée « Loge du Patrimoine », elle a été ouverte au public en 1995 après les indispensables travaux de restauration, conduits avec le plus grand respect de la petite bâtisse et une opiniâtreté qui fait honneur à celles et ceux qui y ont œuvré.

 

Elle héberge un petit musée des arts et traditions populaires dans lequel on peut admirer au rez-de-chaussée la reconstitution d’un logis meublé et décoré, à l’étage une exposition d’outils anciens, et dans le cellier du matériel de vigneron.

 

Une façon originale de faire découvrir une construction qui ne l’est pas moins, tout comme il est possible de visiter une cellule à la Grande Chartreuse dans les Alpes.

 

De grandes ambitions

 

Depuis 1996, c’est un enfant du pays, Dominique Notter, maître de conférences en biologie cellulaire à la faculté de pharmacie de Nancy, qui préside l’Association pour la sauvegarde du patrimoine architectural et culturel de Blénod-lès-Toul.

 

L’une des premières décisions prises a été d’acquérir quatre nouvelles loges et trois terrains d’anciennes loges, réduites à l’état de ruines. 30.000 F (soit 4.573 €) de l’époque suffisaient, eu égard à l’état des immeubles. Mais l’Association ne les avait pas. Le Président a alors demandé – initiative originale –  à ses membres de consentir des prêts à taux zéro.

La somme ayant été ainsi réunie, il fallait trouver l’argent nécessaire aux opérations de restauration, d’autant que parfois ne subsistaient que les murs. Des fonds parlementaires, un apport du Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire, et des subventions de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, du Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, et de la Fondation du Patrimoine ont permis de réunir 400.000 F (60.980 €) de l’époque, de consolider les quatre loges, et 
notamment de refaire les toitures de mettre en place des planchers provisoires. Reste à peaufiner le travail (isolation, électricité, enduits intérieurs, installation de planchers définitifs, et ravalement ded toute la façade).

 

Ces loges hébergent le bureau de l’Association, un lieu d’accueil pour les touristes, des expositions permanentes (arts et traditions populaires). Les travaux dans les deux dernières sont à venir : ce sont les plus importantes et les plus belles. Elles ont déjà été mises en sécurité, moyennant 13.000  € de travaux. Elles appartenaient aux chanoines de Toul, d’où leur nom de loges canoniales.

 

Avec celle aménagée en musée, l’Association a donc déjà sauvé six loges. De plus, elle a réalisé des passages d’une loge à l’autre au niveau du rez-de-chaussée, cependant qu’est en cours l’aménagement de passages, toujours entre les loges, à l’étage.

 

 

 

Par ailleurs, grâce à des chantiers de bénévoles adultes, l’Association, depuis deux ans, a réhabilité le rez-de–chaussée du château, en particulier des salles à manger et le grand salon. La commune permet à l’Association, par convention, d’utiliser ces locaux pour ses activités, par exemple accueillir des groupes de touristes pour une dégustation ou un repas, ou bien pour des conférences.

 

Professionnels et bénévoles au coude-à-coude

Pour mener à bien ces opérations de sauvegarde et de restauration, l’Association a dû faire appel à des artisans spécialisés. Mais elle a organisé régulièrement, depuis 1998, des chantiers de bénévoles, ces derniers venant parfois de l’étranger. Allier la compétence des uns à la bonne volonté des autres était un pari qui, là encore, a été gagné.

 

 

Les travaux vont encore se poursuivre dès le retour des beaux jours : il reste encore beaucoup à faire. Mais l’avancement de ce chantier conduit à l’échelle de l’ancien bourg se poursuit de façon satisfaisante.

 

Afin de drainer quelques fonds supplémentaires, l’Association organise chaque année des visites guidées (voir Actualité) et des manifestations culturelles (concerts, représentations théâtrales, animations).

 

Les richesses de l’église Saint-Médard